Thérapie amoureuse d'un coeur d'artichaut (En attente réponses éditeurs)
Chick-Lit / Feel Good
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1 Bon vent !
—Quitte-moi, Lise, si tu n’es pas heureuse.
Cette phrase, entendue maintes fois, avait fait ce soir-là
l’effet d’une bombe impossible à désamorcer. Notre couple partait en éclats
depuis un moment déjà, et ce n’était pas faute d’avoir essayé de recoller les
morceaux. Mais ça ne marchait plus. J’étais furax, hors de moi. Je faisais les
cents pas dans le salon tandis qu’il tripotait machinalement son téléphone
portable, assis sur le canapé et évitant mon regard incendiaire, comme
d’habitude.
—C’est la seule chose que tu sais dire Jules ?
Oh, tu me rends cinglée ! Alors on arrête ? Tu ne vas rien faire, tu ne
vas pas te battre ? explosai-je, rouge comme une tomate.
—Je veux juste ton bonheur.
—Alors pourquoi tu ne fais pas ce qu’il faut pour ?
—Ce n’est pas aussi simple. Je ne peux pas répondre aux
innombrables caprices de madame.
—Caprices ? Eh bien, tu sais quoi ? Madame
t’emmerde.
—Ne sois pas vulgaire.
—Très bien, alors arrête d’être con, lui criai-je au
visage, les postillons en prime.
Il s’essuya avec le revers de sa manche, puis se releva.
Avec nos trente centimètres d’écart, autant dire je devais me tordre le cou
pour pouvoir continuer à le regarder droit dans les yeux.
—C’est peut-être toi qui m’a rendu comme ça, Lise, rétorqua
t-il.
Outch ! Coup de poignard. Je ne pouvais plus retenir
mes larmes. Mes lèvres se mirent à trembler avant le déluge. Malgré des années
d’entrainement, parler et pleurer simultanément s’avérait toujours aussi
compliqué.
—Tu… tu… c’est horrible c’que tu... tu dis.
À peine avais-je terminé ma phrase que mon nez s’en mêlait
et commençait aussi à couler.
—Tu…tu… ne… penses… pas ce…ce…ce que tu viens de...,
continuai-je avec une voix de canard.
—Je suis désolé de te faire pleurer, mais si, je suis
sincère.
—Ok, très bien, et tu songeais... à quoi quand tu as...
oublié de me dire que tu passais la soirée avec elle, hein ? Tu imagines
si je t’avais fait un coup pareil ?
Il se dirigea vers le buffet de la salle à manger.
—Je ne voulais pas t’énerver pour rien. Mais visiblement,
c’est encore raté. Tiens, prononça t-il en me tendant le mouchoir parfumé au
menthol qu’il venait d’aller chercher.
—Merci, fis-je sèchement en le lui arrachant presque des
mains.
Je lui tournai le dos pour pouvoir me moucher à l'abris des
regards. Je soufflai si fort que ça me fit tousser. Je fondis à nouveau en
larmes.
—Lise, arrête, s’il te plait.
Il tenta une approche en douceur et se mit à me tapoter le
dos. Je rejetai son geste d’affection avec virulence puis fis volte-face afin
de poursuivre mon interrogatoire.
—Et c’était bien ? Hum ? Tu as passé une bonne soirée
avec elle ? demandai-je, écœurée.
—Euh… oui, répondit-il, penaud.
—Aahhh ! criai-je, hystérique, en lui tapant plusieurs fois le torse.
Il me tint les deux bras et je pouvais voir sur son visage
qu’il était aussi malheureux que moi. C’était un véritable cauchemar. Comment
avions-nous pu en arriver là ? Nous qui nous aimions si fort. Avant, on ne
faisait qu’un, mais depuis quelques temps, c’était tel qu’un mur semblait avoir
été érigé entre nous. Plus de communication possible, pas sans encombre.
—Lise, il ne s’est strictement rien passé et il ne se
passera plus jamais rien avec elle. C’est une amie, seulement une amie. Depuis
que je t’ai rencontrée, toi seule a compté, tu peux me croire.
—Lâche-moi, Jules ! lui ordonnai-je, ce qu’il fit
aussitôt.
Je voyais flou. À force d'avaler mes larmes, j’avais
l’impression d’avoir mangé dix kilos de Pipas salées. J’avais la bouche
asséchée, mais je ne me laisserai pas faire.
—Tu… Alors pourquoi me l’as-tu caché ?
—Parce que je savais que tu n’aurais pas voulu que je la
voie.
—Ah ah ah, non tu
crois ? ironisai-je. Et pourquoi à ton avis ?
Je me mouchai pour la énième fois. Le nez rouge d’un clown
aurait paru limite pâlot à côté du mien.
—Ça fait plus de huit ans maintenant, c’est bon là !
s’énerva-t-il à son tour.
—Imagine si je passais une soirée avec Louis ?
—Louis, c’est ton ex, cela n’a rien à voir. Vous avez eu
une vraie relation. Moi, non. Tu as été la seule avec qui j’ai été en couple. C’est
ma meilleure amie depuis le collège, j’ai le droit de voir mes potes,
non ?
—Ceux et celles avec qui tu n’as pas fini à poils dans un
lit, ouais, tu peux.
—Oh, tu me fatigues. Je l’ai revue qu’une seule fois depuis
plus d’un an, et voilà où on en est. Mais ce n’est plus possible, tu le sais.
Lorsqu'on aura réglé les choses concernant Johanna, tu trouveras quoi encore à
me reprocher ? Tu ne vois pas qu’on se dispute pour tout et n’importe
quoi, et ce depuis des mois ? J’en ai ras-le bol.
—Tu n’es pas le seul à en avoir marre, figure-toi,
m'insurgeai-je en me rasseyant sur le canapé.
J’étais épuisée, tant physiquement que moralement. Combien
de temps allions-nous pouvoir tenir à ce rythme-là ? Nos engueulades
quasi-quotidiennes étaient éreintantes. Nous n’étions plus heureux. Ni l’un, ni
l’autre. Pourtant, je l’aimais follement.
Il vint s’assoir à côté, puis posa maladroitement sa main
sur la mienne.
—On ne peut pas continuer ainsi, souffla t-il, le regard
perdu. On est face à un mur.
—Alors, prends ton bulldozer et détruis-le !
suggérai-je, pleine d’espoir.
—J’ai l’impression qu’il est incassable.
Il avait raison.
—Pourquoi à ton avis ?
—Je l’ignore. J’essaye pourtant, je t’assure.
—Moi aussi, j’ai essayé, prononçai-je, des centaines de
petits frissons me parcourant de la tête aux pieds. Je suis désolée. J’aurais
voulu que ça marche entre nous, ajoutai-je en lui lâchant la main.
C’était la même sensation que d’avoir une lame enfoncée en
plein cœur. Oh oui, cette métaphore prenait tout son sens aujourd’hui.
C’était si vrai, tellement ça. Atrocement douloureux. J’avais si mal que j’eus
soudain la nausée. Je voyais trouble, j'étais prise de vertiges, comme si mon
organisme voulait expulser ce truc qui me labourait les entrailles. Mais vomir
de chagrin sur notre nouveau tapis Ikea à trois
cents balles n’était pas la
solution et n’aurait rien changé à ma souffrance. Je me concentrai sur ma
respiration et me forçai à inspirer et à expirer, ma paume gauche appuyée sur
ma cage thoracique.
Aller, expire, inspire, pensai-je, le regard dans le vide.
—Ça va ? s’inquiéta Jules, à présent à genoux
par terre devant moi.
—Nickel, je pète la forme, raillai-je
entre deux souffles.
—Tu veux un verre d’eau ?
—Je veux surtout arrêter d’avoir mal, me mis-je à pleurer
(encore).
—Attends, je reviens.
—Non, fis-je en lui attrapant le bras alors qu’il se
redressait.
—Je vais juste te chercher un verre.
—Non, Jules, c’est trop dur. Tu ne peux pas rester là et me
consoler. C’est mieux ainsi. Tu as raison, on doit se séparer. C’est
préférable. Sauf que si tu restes, je ne vais pas y arriver, je vais te
supplier... Il faut que tu partes, maintenant.
—Mais…
—S’il te plait, va-t-en ! On a assez souffert. Va-t-en,
criai-je en le repoussant le plus fort possible.
Encore accroupi, il faillit tomber en arrière mais parvint
à se retenir in extremis. Il se releva et resta quelques secondes devant moi
tandis que je fixais mes chaussons roses à moumoute. Je n’osai pas lever la
tête pour le regarder, j’aurais craqué sinon. Et il ne fallait surtout pas. Des
semaines et des semaines qu’on se détruisait mutuellement. Il était grand temps
de stopper les dégâts.
Il se dirigea vers la porte d’entrée, l’ouvrit, puis s’arrêta
un instant sur le seuil. J’aurais donné n'importe quoi à ce moment précis pour
qu’il fasse demi-tour, se précipite vers moi, me prenne contre lui et
m’embrasse passionnément en me répétant en boucle qu’il m’aimait trop et qu’il
allait faire des efforts, qu’il allait changer, qu’on ne pouvait pas se quitter
de cette manière.
Peut-être que nous étions trop fiers à ce moment-là pour
oser donner raison à l’autre. Alors qu’au final, il suffisait de si peu pour
être heureux… Mais non, il fit à la place un pas de plus. Le pas de trop. Il
referma la porte derrière lui avant de s’en aller pour de bon.
2 Retour au bercail !
Dans un mois pile, c'était Noël. Mais comme j’avais
toujours eu ce fichu TOC de prévoir mes achats beaucoup trop à l’avance de peur
d’oublier un truc ou de ne pas avoir le budget, j’avais déjà acheté tous les
cadeaux pour Jules, mon ex petit ami depuis une semaine déjà.
Alors, autant les
chaussettes taille 44 où était inscrit « Beau Gosse » passaient
pour mon père, autant l’huile de massage érotique, je ne
pouvais certainement pas l’offrir à ma mère. Elle aurait été capable de
cuisiner avec. Par contre, le coffret
dvds des films Marvel, c’était le présent idéal pour Simon, mon petit frère de
douze ans. Il y a au moins un à qui cette rupture allait servir, il allait être
trop content.
—Lise, ce carton, je le
mets où ? me demanda mon père, essoufflé comme un bœuf.
—Euh attends, il y a
écrit quoi dessus ?
—Hé ho, il pèse une
tonne ! Tu m'as pris pour Thor ou quoi ?
—Ah çaaaaa non, tu n’es
malheureusement pas Thor, grommelai-je blasée. Pose-le là, merci p’pa.
Il mit le carton à côté
des cinq autres.
—Sinon tu viens nous
aider quand tu veux, hein ? souffla t-il avant de repartir décharger le
reste.
Je ne lui répondis pas.
Perdue dans mes pensées, je promenais mon regard autour de moi. La tapisserie
orange était moche et il y avait toujours cette grosse tache marron juste sous la fenêtre. C’était à cause
de Sophie, l’une de mes meilleures amies qui dans un geste maladroit avait
renversé sa canette de coca-cola posée sur le rebord. On devait avoir quinze
ans à l’époque. Et voilà que dix ans plus tard, je réaménageais ici. Cela
faisait drôlement bizarre de retourner vivre dans la maison familiale.
Seulement, lorsqu’on navigue de contrats d’intérim en contrats d’intérim sans
jamais avoir l’assurance de pouvoir payer le loyer à la fin du mois, on n’a pas
vraiment le choix. Disons qu’avec Jules et nos deux salaires, on s’en sortait,
mais là, étant redevenue célibataire, c’était compliqué. Du coup, après trois
années d’indépendance et de vie conjugale, retour à l’envoyeur !
—Miaou, me consola mon
chat Perlipopette.
Et voilà! .. maintenant il me tarde de connaitre la suite !!
RépondreSupprimerAh super !!! Tant mieux !!! Merci !!! :-) Car c'est bien la première fois que je n'écris pas dans le registre du fantastique. Je voulais une héroïne à l'image de Bridget Jones, haute en couleur et drôle ! J'espère réussir mon pari, on verra bien... :-)
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